Zéro Prospectus : Leclerc se propose de polluer votre boite e-mail

Zéro Prospectus : Leclerc se propose de polluer votre boite e-mail

Faire disparaître les prospectus : tel est le but affiché par la société de grande distribution E.Leclerc qui a déployé les grands moyens pour faire parler de sa grande « innovation » baptisée Zéro Prospectus.

 

Site web, spot vidéo, communiqué de presse… chiffres à l’appui, Édouard Leclerc assure la promotion d’une action marketing qu’il prétend favorable à l’environnement. Mais comme le disait si bien Bertrand : nous ne sommes pas dupes.

Faire (presque) disparaître les prospectus

Avant de cracher dans la soupe, E.Leclerc y a bien gouté. Ce sont des camions entiers de prospectus qu’il a fait imprimer pour développer son business, et ce pendant des années. Il faut souligner au passage son effort pour réduire l’impact de ses catalogues (et parallèlement de ses coûts de production) : format réduit, grammage moins important…

Leclerc s’engage aujourd’hui a supprimer tous ses prospectus imprimés d’ici 2020… en les remplaçant par une version numérique disponible en ligne et d’autres solutions connexes pour diffuser son information.

Pour continuer à recevoir le catalogue, il vous suffit de le consulter en ligne sur le site de Leclerc, vous pouvez également laisser votre e-mail pour êtrepollué alerté et recevoir les informations de votre magasin (journée choucroute mardi 22, animation Cochonou samedi 26…). En fait, Leclerc change de support, ce qui lui permet de pouvoir vous envoyer de l’information toujours plus ciblée, et de vous faire découvrir d’autres produits et services ! Mais pour l’instant, découvrons comment la dématérialisation va sauver la planète… ou pas.

Dématérialisons… et surtout pas d’eau dans mon vin !

« Plus de papier », en voilà un argument écologique : communication numérique versus communication imprimée ! Selon Leclerc, c’est tout blanc, tout noir… une position qui n’est pas sans rappeler celle des grands inquisiteurs du moyen-âge qui opposaient le bien au mal sans autre alternative possible bien sûr, sinon une place au bûché. Stoppons vite notre consommation de papier car elle détruit la planète, diabolisons une ressource naturelle, stockeuse de CO2, biodégradable, recyclable et renouvelable (et pour le papier issu du recyclage ou de forêts gérées durablement, le bilan environnemental n’est pas forcément mauvais) pour faire place à une solution plus profitable.

Si les supports imprimés ont un impact sur l’environnement (comme toute production), quel est celui de la dématérialisation ?

Les supports numériques et informatiques consomment de l’électricité pour l’édition, la transmission, la visualisation et le stockage des données. L’électricité est massivement produite à partir d’énergie non-renouvelable et donc émettrice de CO2. La production des supports est aussi à prendre en compte (plastiques, écrans, circuits…). N’oublions pas, de même, le réseau qui sert à faire fonctionner ce grand Tout (fibres, connexions, câbles, serveurs, services de maintenance…). Et prenons en compte également le fait que la ménagère aura besoin d’imprimer certaines pages (car elle aime bien griffonner la ménagère, j’en ai une à la maison, je sais de quoi je parle). Et qu’en est-il de la fin de vie de nos équipements, les filières ne sont pas encore au stade où en sont celles de l’imprimerie (recyclage du papier, encres, eaux usées, pièces de machines…) ?

Beaucoup de questions, peu de réponses, mais une certitude : il faut supprimer le papier camarade, car ça me coute plus cher.

Développement durable : en travaux !

Le développement durable intègre 3 piliers : économie, social et environnement. Si E.Leclerc a parfaitement intégré le premier pilier dans sa stratégie, il me semble que les deux autres soient encore en chantier.

  1. Aspect Économique : Zéro Papier, c’est une opération de saving ultra intéressante pour E.Leclerc (j’espère qu’il augmentera son directeur achat au moins). La ménagère on-line pourra toujours imprimer des codes promos sur son imprimante : c’est l’offre Promo Liste. Là encore, c’est le consommateur qui paie son encre, son papier, son électricité… pas encore passé en caisse que tu raques déjà camarade.
  2. Aspect Social : les personnes qui n’ont pas internet ou d’ordinateur n’auront pas accès à l’information, mais on s’en fout camarade puisqu’il s’agit d’une catégorie pauvre qui fait ses courses chez Lidl ou trop dépassée pour comprendre les services connexes que j’aimerais bien leur vendre. Et qu’en est-il des SPAM que les gens recevront une fois leur nom gravé sur les listes d’adresses e-mail de Leclerc ? Car au final, ce qui dérange vraiment la majorité des personnes, n’est-ce pas d’avantage la publicité intrusive que le fait d’avoir à porter au tri sélectif quelques catalogues de plus ?
  3. Aspect Environnement : on est d’accord sur le fait que le déchet le moins impactant est celui qui n’est pas produit… et pour réaliser son spot, l’agence Australie à fait de la matérialisation physique un thème fort pour marquer l’esprit du consommateur. Le volume est associé au gaspillage… mais au fait, où sont les serveurs, les milliers d’ordinateurs, de souris, de claviers, les kilomètres de fibre optique… que la dématérialisation des données nécessite ?

Communication responsable ou greenwashing ?

On peut se contenter de communiquer gentiment sur une action de réduction des déchets, sans préciser qu’on réalise un beau profit : mais Leclerc veut faire savoir à tout le monde qu’il est le plus vert… et comme les moyens sont considérables, on aurait presque tendance à y croire.

Péché d’orgueil, pas simplement à mon sens, puisqu’en affirmant que la dématérialisation est l’unique solution vis à vis de l’impression, Leclerc jette le discrédit sur toute une filière : imprimeurs, papetiers, fournisseurs de matériel d’impression…

Les efforts réalisés par notre filière en matière d’environnement sont incomparables avec d’autres domaines… et celui de la grande distribution pour commencer : la paille dans l’œil du voisin !

Leclerc joue sur le fil puisque ce qui dérange le plus les gens au fond, c’est de recevoir de la pub. Et en changeant de support, il ne fera que déplacer ce problème. En ligne, l’intérêt pour la marque est de pouvoir proposer des produits et services connexes comme la livraison à domicile, la vente de tickets spectacle… en fait, une réelle opportunité de vendre toujours plus, et de gagner toujours plus… tout en réduisant son budget communication.

La réaction de l’imprimerie

Nous appelons tous les imprimeurs, toutes les parties prenantes du milieu de l’imprimerie, toutes les personnes que la publicité n’aveugle pas encore à boycotter les produits E.Leclerc car l’opération Zéro Prospectus est plus une opération marketing qu’un réel engagement pour l’environnement. Allons camarade Leclerc, arrête de tromper honteusement le consommateur avec de pseudos-arguments écolos qui diabolisent le papier.

Profit, profit, profit, profit… puisque tu le prends comme ça camarade, nous ne viendrons plus manger chez toi, car si nous sommes tous embarqués sur la même planète, on n’est décidément pas du même monde !

Source: L’imprimerie Villière (groupe ImpriFrance)

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